Jura Terre de Louis pasteur Dole / Arbois

Une histoire, Un objet…

Que fait Cuvier sur le bureau de Pasteur ?

Petite mais confortable, la chambre de Pasteur à Arbois laisse une place centrale à un bureau fonctionnel. C’est ici qu’il aimait rédiger son courrier. Sous le regard de bronze de Georges Cuvier dont le buste trônait sur l’encrier, Marie écrivait  quelques comptes-rendus de travaux pour l’Académie des sciences, dictés par son illustre époux. Cet encrier serait le cadeau d’Ulysse Gayon, élève de Pasteur à l’école normale supérieure et préparateur du savant de 1872 à 1875. Biochimiste et agronome, Gayon fut à l’origine avec le jurassien Alexis Millardet de la bouillie bordelaise, fongicide utilisé pour le traitement de la vigne. Quant à Georges Cuvier (1769-1832) père de la paléontologie né à Montbéliard où il faillit devenir pasteur, il était en bonne place dans la bibliothèque de L. Pasteur. Mais cet enfant génial laissa libre court à sa passion pour les espèces animales… Un choix bien heureux, car ses petits cahiers d’écolier donneront naissance à la classification moderne des animaux et à l’anatomie comparée.


L’Honneur de père en fils !

Il n’est pas étonnant de trouver, en évidence sur un mur de sa chambre,  la légion d’honneur et les palmes académiques de Louis Pasteur. Mais il y a laissé les médailles de son père, cet ancien sergent-major de l’armée impériale qui prit part aux campagnes d’Espagne et d’Italie aux côtés de Napoléon Ier. De cet empereur à qui il resta fidèle il reçut la légion d’honneur.

Mais c’est un autre empereur, Napoléon III qui lui remit la médaille de Sainte Hélène, récompense créée en 1822 et donnée aux survivants des campagnes napoléoniennes. Jean-Joseph a joué un rôle déterminant dans la formation de la personnalité de son fils. Il lui inculqua le sens du travail, la ténacité, l’honnêteté et un immense amour pour la France. 

« Cet homme était par la distinction de l’esprit et du caractère bien au-dessus de sa position… », écrit Pasteur au lendemain de la mort de son père. Il est un des rares soldats de l’empire napoléonien dont la tombe porte l’inscription « Médaillé de Sainte Hélène ».


Une histoire, Un objet…

Isenbart, peintre et ami franc-comtois

Parmi les tableaux accrochés aux murs de sa maison arboisienne, il en est un que Louis Pasteur affectionnait particulièrement. Il rappelle l’acte héroïque du berger Jean-Baptiste Jupille,terrassant à coups de sabot le chien enragé menaçant d’attaquer ses camarades. Le jeune jurassien, originaire de Villers-Farlay aux environs d’Arbois, grièvement mordu, vint consulter Pasteur à Paris.

Il fut, après le petit alsacien Joseph Meister, le deuxième homme que le traitement antirabique sauva d’une mort cruelle.

Le peintre franc-comtois Emile Isenbart ( né et mort à Besançon 1846-1943) immortalisa l’histoire  et fit don du tableau à Louis Pasteur. Fidèle à la Franche-Comté jusqu’à la fin de sa vie, Émile Isenbart recherchera au cours de ses voyages hors des frontières comtoises, collines,  cours d’eaux et villages lui rappelant sa région natale.


Une histoire, Un objet…

Un savant dans les vignes…

Dans le Jura, les traditions liées à la viticulture sont encore très ancrées. A Arbois la fête du Biou a lieu tous les premiers week-ends de septembre, depuis des temps immémoriaux. La première mention écrite de cette fête remonte à 1665, dans les délibérations du conseil de ville.

C’est dans la maison vigneronne Vercel, située en face de la maison de Louis Pasteur, qu’une énorme grappe est confectionnée par les vignerons. Elle est formée de nombreuses grappes de raisin blanc et rouge, cueillies le matin par les vignerons d’Arbois. C’est le biou. Porté par quatre vignerons, précédé de violons et suivi par élus et arboisiens, le biou est amené à l’église St Just où il est béni et accroché à la voute, symbolisant l’hommage des vignerons pour une belle récolte. Ami d’enfance des Vercel, Pasteur, possédait aussi une vigne sur la commune de Montigny-les-Arsures.  

De sa maison d’Arbois où il passait chaque année ses vacances, Pasteur prenait régulièrement part au cortège. Mais comme nul n’est prophète en son pays, cela lui valut une fois d’être copieusement arrosé par une lance à incendie. On évoqua un exercice malencontreux des pompiers, mais était-ce vraiment une maladresse ?


Une histoire, Un objet…

Loupe ou microscope?

Un seul et même objectif : grossir les images pour une meilleure étude.

Appelée aussi stéréomicroscope, la loupe binoculaire restitue une vision en relief, grâce à un système qui est absent des microscopes. Les grossissements sont de 20 ou 40 fois en général. Les objets sont directement observés (sans préparation préalable). Ils sont visibles en relief et peuvent être opaques.  On peut également observer des choses en mouvement : des insectes vivants par exemple !

Le microscope permet des grossissements beaucoup plus importants que la loupe binoculaire : de 40 à 1600 fois. Une préparation sur lame et lamelle est indispensable car l’observation se fait en transparence sans aucune profondeur de champ. La vue est à plat, sans relief.

Pasteur utilisait un microscope avec un grossissement maximum de 300 fois. De nos jours le microscope électronique grossit jusqu’à 5 millions de fois.


Une histoire, Un objet…

Pasteur, Une âme d’artiste …

Jeune collégien à Arbois, Pasteur découvre le dessin sous l’influence de son professeur Pointurier.

A 13 ans, il aborde l’art du portrait au pastel, avec sa mère comme premier modèle. Puis ce sont ces camarades de collège et les arboisiens qu’il immortalise avant de clore sa carrière de dessinateur avec le portrait de son père réalisé à 20 ans.

Il s’essaiera plus modestement mais avec un réel talent à la lithographie et au fusain. Dans sa maison d’Arbois, un fusain réalisé par le jeune Louis à 14 ans, témoigne aussi de son intérêt pour la littérature : Les Funérailles d’Atala, d’après Girodet est une référence au livre de Chateaubriand « Atala », best seller sous la restauration.

Mais ce violon d’Ingres et ses succès de peintre à Besançon ne le détourneront pas de son objectif principal : « Cela ne mène pas à l’École Normale, écrit-il à ses parents en 1840. J’aime mieux une place de premier au collège que dix mille éloges jetées superficiellement dans les conversations d’aujourd’hui ».


Une histoire, Un objet…

Connaissez-vous la Baratte ?

Et pourtant, sans baratte, pas de beurre puisque c’est loutil qui permet de transformer la crème de lait en beurre.

Le barattage consiste à séparer par un mouvement mécanique (soit un va-et-vient,soit un mouvement rotatif), les particules de matière grasse contenues dans la crème du lactosérum (aussi appelé petit lait). Le barattage peut durer d’une trentaine de minutes à deux heures. Les particules de matière grasse s’agglomèrent alors entre elles pour former des grains de beurre. Ceux-ci sont extraits de la baratte, lavés et malaxés.

Les premières barattes étaient des outres de cuir (panse et boyaux d’animaux) puis elles furent réalisées en bois. Plus tard, elles furent fabriquées en céramique ou en grès. Aujourd’hui, les barattes industrielles sont en métal, hygiène oblige !

Question : savez-vous combien de litres de lait sont nécessaires pour obtenir la plaquette de beurre de 250g de votre petit déjeuner?

  • 5litres en moyenne.

Une histoire, Un objet…

Que diriez-vous d’un dîner avec Pasteur ?

«Menu d’un ignorant pour un savant», à la loge Claudet le 2 octobre 1884 :

Reçu à Salins chez son ami le céramiste Max Claudet, Pasteur se montrait de bonne compagnie. Un menu réalisé à l’aquarelle par l’artiste salinois, montre que les convives n’étaient pas dénués d’esprit.

  • Soupe d’un volontaire d’un an                                                
    • A. Côtelette sans microbes               
  • Pommes de terre à l’étudiant d’aujourd’hui
    • B. Poulet inoculé                       
    • C. Oeuf à la génération non spontanée                    
    • D. Salade à l’acide racémique  
  • Crème à la petite Camille  
    • E. Vin de Salins chauffé- Champagne non chauffé                          

De l’intitulé des plats en référence à sa biographie écrite par son gendre René Vallery-Radot au tour d’horizon de ses travaux, saurez-vous relier 5 plats à sa référence ?

  1. Pasteurisation                                          
  2. Identification et rôle des microbes      
  3. Vaccin du choléra des poules            
  4. Travaux sur la cristallographie           
  5. Théorie des germes                               

A2 – B3 – C5- D4 – E1


Une histoire, Un objet…

Pipetage au laboratoire

Il y a plus d’un siècle, Pasteur démontre que les microorganismes peuvent provoquer fermentations, infections et maladies contagieuses. Dès lors, la nécessité de tout garder exempt de germes est devenue fondamentale dans toutes ses expériences. Il est indispensable de trouver comment transférer les échantillons sans les contaminer avec des germes indésirables. Pasteur va mettre au point un nouvel outil en verre: La pipette Pasteur.

Cotonnée pour éviter toute contamination extérieure, il est nécessaire  de rompre la pointe du capillaire avant l’utilisation.

Cette pipette fonctionne sur le même principe que les pailles : on crée une aspiration dans le tube pour prélever un petit volume de liquide. À cette époque, le pipetage à la bouche est le seul moyen pour créer le vide nécessaire au fonctionnement de la pipette.

Les poires en caoutchouc remplaceront par la suite le pipetage à la bouche évitant tout risque de contamination …à l’expérimentateur !


Une histoire, Un objet…

Le dictionnaire d’un académicien

Le premier dictionnaire de Louis Pasteur « NOUVEAU VOCABULAIRE OU DICTIONNAIRE PORTATIF DE LA LANGUE FRANÇOISE AVEC LA PRONONCIATION » fut édité chez Rolland et Rivoire en 1803.

D‘abord utilisé par son père Jean-Joseph, puis par sa sœur Joséphine, ce dictionnaire fut précieusement gardé par Louis Pasteur et a encore sa place aujourd’hui sur une étagère de sa chambre dans sa maison d’Arbois. Dans une famille d’aisance moyenne, ce livre était le symbole, d’une certaine aspiration à l’éducation. Jean-Joseph Pasteur était avide de connaissances et a encouragé les études de son fils « Je le vois encore, mon pauvre père, dans les loisirs que lui laissaient le travail manuel, lisant beaucoup, s’instruisant sans cesse…»

Il témoigne surtout de l’orthographe balbutiante du tout jeune Pasteur : celui-ci écrivit sur la deuxième de couverture : « ce dittionnaireaparttient a pasteur arbois celui tia missa cest Louis pasteur » (sic).

Aurait-on pu imaginer que ce même Pasteur entrerait bien des années plus tard à l’Académie Française, succèderait à Émile Littré et participerait à enrichir le dictionnaire ?


Une histoire, Un objet…

N’y a-t-il que le travail qui amusait Pasteur?

C’est bien connu. Pasteur avait coutume de dire «Il n’y a que le travail qui amuse».

Pourtant au centre de son salon arboisien trône le billard rapporté de Paris sur lequel il disputait en famille de longues parties comme en témoigne son petit-fils (Louis Pasteur Vallery-Radot, Mémoires d’un non-conformiste, 1970).

«Le soir, bien souvent, il jouait avec mon père et moi au billard. Il était fort habile. Il mettait sa main gauche hémiplégique sur le rebord du billard. Moi, maladroit comme je l’ai toujours été, je ratais tous mes coups.

Il riait de bon cœur quand il gagnait : «Ah monsieur René, disait-il, vous êtes battu !» ou bien quand il perdait : «Monsieur René, vous me chargez la main».

Selon ses proches, si Pasteur était un excellent joueur, c’était aussi un bien mauvais perdant. Mais chut, c’est Pasteur qui joue, ne le dérangeons pas!